Lille, du Nord au Sud

LILLE – Monuments et lieux touristiques

Lille dispose d’un patrimoine très diversifié. De nombreux conflits l’ont touchée et ont amené des reconstructions partielles de la ville.

Patrimoine

Le patrimoine architectural s’étend du Moyen Âge roman (crypte de la collégiale Saint-Pierre), gothique avec les églises Saint-Maurice et Sainte-Catherine, renaissance (immeuble du Beaurepaire et maison rue Basse), maniériste flamand avec la Vieille Bourse ou la maison de Gilles le Boë, classique avec les églises Saint-Étienne et Saint-André ainsi que la citadelle de Vauban, une vieille ville couverte d’immeubles des XVIIe et XVIIIe siècles d’un style propre à la ville, néogothique avec les immeubles de l’Université catholique et la cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille, art nouveau avec la maison Coillot dont l’architecte est Hector Guimard, haussmannien rue Faidherbe, néo lillois avec la nouvelle bourse, art déco régionale avec l’hôtel de ville ; enfin les tours modernes d’Euralille.

Des remparts qui ceinturent la ville du moyen âge jusqu’au XIXe siècle subsistent :la Noble Tour (mémorial de la déportation) du XVe siècle. Porte de Gand et porte de Roubaix (fin XVIe début XVIIe siècle). La porte de Paris (milieu du XVIIe siècle) construite en l’honneur de Louis XIV. La citadelle chef-d’œuvre de Vauban ainsi que des pans de fortifications noyés dans la verdure à l’extrémité de l’avenue du peuple Belge. Porte de Dunkerque (début XIXe siècle).

Négligé dans l’après-guerre, le patrimoine lillois fait maintenant l’objet d’un soin tout particulier. La ville tente actuellement de le réhabiliter (palais Rihour, églises, musées).

L’agrandissement de Lille en 1858

Dans les années 1850, Lille étouffe dans son enceinte fortifiée.
Un décret de l’empereur Napoléon III autorise en 1858 l’agrandissement de la ville. Une opération d’envergure exceptionnelle s’engage alors. Elle débute avec le démantèlement de 480 hectares de remparts au sud de Lille et l’annexion des communes de Wazemmes, Esquermes, Moulins et Fives, rattachées à Lille ainsi que le Faubourg Saint-Maurice.

Sur l’ancienne ceinture de remparts sont tracés de larges boulevards plantés d’arbres (boulevard de la Liberté, Vauban…), où s’élèvent maintenant d’élégants hôtels de maître.

Sur la Place de la République (« Impériale » à l’époque) sont érigé, en vis-à-vis, l’Hôtel de la Préfecture (1865) et le Palais des Beaux-Arts (1885-1892). La place relie le coeur de la ville ancienne aux nouvelles extensions, comme la rue Nationale toute juste percée. Lille, en 1858, devient d’un seul coup quatre fois plus vaste, gagne 40 000 habitants et voit s’ouvrir de belles perspectives de développement.

Lille: l’église de la Madeleine

Familièrement appelée la Grosse Madeleine à cause de sa silhouette trapue, son originalité réside dans un plan centré surmonté d’un dôme, unique pour les églises de Lille et rare pour la région Nord-Pas-de-Calais.
Le chœur de l’église est considéré comme un joyau de l’art baroque flamand, contrastant avec le reste de l’édifice, d’un sobre style classique. L’église présente un plan en rotonde et sur lequel se greffent le chœur, deux chapelles principales et l’entrée de l’édifice, ces appendices sont disposés sur une croix grecque.

L’architecte Thomas-Joseph Gombert n’a pas orienté l’église car il souhaite ouvrir une perspective sur la façade principale depuis la rue des Carmes (actuelle rue de Thionville). Sa construction débute en 1233 et subit au cours des siècles des profonds changements.

En 1989, l’église est désaffectée et depuis 1990, destinée à l’art contemporain. Ce magnifique lieu restauré dans le cadre de Lille 2004, accueille régulièrement des installations artistiques qui révèle et dialogue avec l’architecture de cette ancienne église.

l’Opéra

l’opéra

En 1903, un incendie ravage le précédent opéra. La municipalité décide alors de lancer un concours pour la construction du nouvel édifice. Le lauréat du concours est l’architecte Louis Marie Cordonnier, dont l’inspiration puise du côté de l’Opéra Garnier et des théâtres à l’italienne.
Le nouveau théâtre de Lille est construit avant tout pour remplacer le précédent théâtre, construit par l’architecte Lequeux, qui brûle en 1903.

En 1914, alors qu’il n’est pas encore tout a fait terminé, les allemands l’occupent et réquisitionnent une partie des meubles et du matériel de l’autre Opéra lillois, le théâtre Sébastopol. C’est la raison pour laquelle les sièges sont actuellement rouges alors que le projet initial prévoit des sièges bleus (couleur dominante du projet de Cordonnier, seule la rosace du plafond garde la trace de cette volonté).

En quatre années d’occupation, une centaine de représentations ont lieu. La fin de la guerre permet une restauration de l’opéra, qui ouvre ses portes de nouveau en 1923, pour sa « première française ».

En 1998, l’inspection des conditions de sécurité du bâtiment oblige la municipalité à fermer l’opéra dans l’urgence, alors que la saison est en cours. La remise en conformité s’accompagne d’un projet plus ambitieux d’amélioration des conditions d’accueil du public et des hôtes artistiques. Le projet est alors confié aux architectes Patrice Neirinck et Pierre-Louis Carlier.

Fin 2003, la réouverture anticipe de quelques mois Lille 2004, Capitale européenne de la culture en 2004.

La Vieille Bourse

 

La vieille Bourse

Et c’est d’ici que le piéton de Lille part et c’est ici qu’il revient ; il s’y prend même à écrire, se chauffant au soleil sur la pierre bleue. Le lieu est symbolique. D’abord, il est au centre géographique et historique de la cité ; au mitan même du forum, élevé à la césure du XVIIe siècle au centre de l’aire qui comprend alors le marché au blé, actuelle grand-place, et la place du Théâtre.

Construction

Pour la construire il faut combler la fontaine au Change autour de laquelle se réunissent quotidiennement les détenteurs de ces balances à peser l’or, plus subtiles que l’esprit, mais aussi fabricants, revendeurs, acheteurs, commis voyageurs, et j’imagine, représentants de navigateurs et autres charroyeurs. Las de voir s’envoler leurs lettres de change dont les pluies (mais si, il pleut ici aussi !) délavaient l’encre, ils tarabustent tant et si bien les municipaux que ceux-ci obtiennent du cinquième Philippe, celui de toutes les Espagne et de toutes les Amériques, l’auguste permission de se mettre à l’abri.

Mais quelle idée de se loger sous un cloître enclos dans une boîte à bijoux ? Car la bourse n’est pas immeuble mais meuble. C’est au vrai un cabinet dont on a scié les pattes et qui, sous ses peintures d’origine, doit ressembler comme or au soleil à ces ébénisteries flamandes de rouge écaille et de miroirs que font ouvrer, ici même drapiers, merciers et autres bourgeois enrichis dans la sayette et la bourette. Mais est-ce bien un meuble ? Tantôt la bourse me fait songer à un coffret dont les colliers s’enguirlandent aux flancs ; tantôt c’est au costume des Pays-Bas du XVIIe siècle qu’elle me renvoie. Ni-dirait-on pas la haute fraise de dentelle à la flamande des personnages portraiturés par Cornelis de Vos ? A s’y méprendre c’est un costume à la rhingrave ; mieux, l’incroyable jeu des moulures, ici droites rompues et là ailerons brisés, évoque les trois jupes superposées des dames de ce temps-là et que l’on nommait fort joliment, la modeste, la friponne et la secrète.

Julien Destré

Le bâtisseur de la vieille Bourse (construite en 1662-1663) , Julien Destré (est-ce le Z parfois ajouté à son nom qui fit voir dans son œuvre un goût espagnol ?), est dit « escrîgnier » de son métier, c’est-à-dire homme habile à faire des écrins. Tout comme aux autels brochés de mille et un motifs d’argent que l’on fait étinceler sous les gloires des sanctuaires de la Contre-Réforme, Destré fait appliquer une profusion de sculptures à ses façades tant sur rues que sur cour. Et quelles sculptures ! A la fois puissantes et délicates ; Rubens est là derrière, assurément. Il y a là des jeunes hommes beaux comme des David italiens, des vieillards comme de grands arbres à lichens, des femmes aussi lisses que pommes, aussi fermes que grenades, aussi juteuses qu’oranges. Des fruits, il y en a des milliers sur cette bourse mais de fleurs, une seule et unique jonchée, au sexe d’une femme étrange ? Non, pas étrange car ce peuple d’hommes d’affaires et d’industrie préférent Pomone à Flore, le gain à sa promesse.

Les portes

Les quatre portes de la vieille Bourse ouvrent sur les quatre horizons de la ville, pas seulement de la ville-Lille mais de Lille centre nerveux d’une métropole de plus d’un million d’habitants et d’une région dont les deux départements en comptent quatre. Celle de l’ouest ouvre sur le pavé de la place du Général de Gaulle ; un pavé de grès que les averses font bleutés, du bleu même de l’aile des pigeons qui là viennent picorer le maïs d’une féminine, discrète et matinale charité, mais damé si serré qu’aux jours les plus chauds de mai 68 il fut impossible aux apprentis dépaveurs de les arracher pour en faire une barricade. Le seul pavé extrait d’une rue proche exigea un tel labeur qu’il fut triomphalement promené, d’une faveur noué, et qu’on en resta là.*

« C‘est un exemple d’art baroque flamand. Profusion d’un décor qui joue de la diversité des formes: des guirlandes et des macarons au dessus des baies; des atlantes et des cariatides: des colonnes et des pilastres. Construite en 1662-1663 par Julien Destrée, elle apporte une note chaleureuse léguée par le lointain conquérant espagnol. » (extrait de Pays et Gens de Flandres 1983)

On se lâche, et on dit ce que l’on pense

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